Berne est en pleine période de consultation sur l’Accord cadre institutionnel négocié avec Bruxelles. Et ça ne donne pas l’impression d’être inutile.
Non, on dirait même qu’il se passe quelque chose chaque semaine dans ce dossier. Et ce qui ressort à ce stade est un peu inattendu : OK pour cet accord-cadre, mais à condition que ce soit la fin des problèmes, et non pas le début. Donnez-nous des garanties.
Oui parce que jusqu’ici, ce sont surtout les risques et les dangers de l’accord qui ont alimenté le débat.
Absolument. Le risque de vider les mesures d’accompagnement de leur sens. De devoir mettre la citoyenneté européenne sur le même plan que la citoyenneté suisse s’agissant d’assurances sociales. De se retrouver quand même en dehors des programmes européens de recherche, etc.
L’impression que les Européens ont donné ces quinze derniers mois, c’est quand même qu’ils n’arrêteraient jamais d’exiger de nouveaux alignements de la part des Suisses. Alors ce qu’on entend et ce qu’on lit actuellement, c’est qu’une proclamation d’intention bien sentie de la part de Berne et de Bruxelles suffirait pour obtenir le consentement des Suisses. De simples garanties verbales qu’il n’y aura plus de nouvelles complications, voilà ce qu’il faudrait. Ce ne devrait pas être très compliqué à obtenir.
La quasi-totalité des partis politiques, des associations professionnelles, des partenaires sociaux ne se sont pourtant pas encore prononcés.
C’est vrai, mais le ton a été donné dans le sens d’une recherche de solution. Alors il y a au moins celle-là. A laquelle il est possible de s’accrocher, même si elle fait un peu alibi. Il deviendra de plus en plus difficile politiquement de dire non à l’accord-cadre sans proposer d’alternative.
Et puis c’est apparemment déjà la solution du Conseil fédéral. Roberto Balzaretti, le négociateur en chef côté suisse, était jeudi dernier à l’Université de Lausanne. Il a dit qu’une piste pourrait être d’accompagner l’accord-cadre d’une déclaration politique conjointe des Suisses et des Européens. Nous y revoilà.
C’est aussi ce que préconise « economiesuisse ». L’organisation des grandes entreprises, en particulier exportatrices et multinationales.
Oui, « economiesuisse » a tout de suite pris position et occupe bien le terrain pendant cette longue période de consultation. Toute sa conférence de presse annuelle de la semaine dernière a porté sur ce thème, d’ailleurs.
On sait qu’economiesuisse est un peu le sanctuaire en Suisse du soumissionnisme européen qui consiste à dire oui à tout par gain de paix. Eh bien economiesuisse évoquait aussi à Zurich la nécessité de calmer l’anxiété des Suises avec une déclaration politique rassurante. Npus y re-revoilà.
Peu importe pour « economiesuisse » que cette déclaration vienne de Berne, de Bruxelles ou même d’un seul commissaire. Comme s’il s’agissait d’une simple formalité destinée à être réinterprétée à la première occasion.
C’est un peu cela le problème avec « economiesuisse ». Un problème de crédibilité. Comme tout le monde en a d’ailleurs dans ce dossier. Dire par exemple que l’enjeu de l’accord-cadre est de 20 à 30 milliards de francs, dont l’économie serait privée en cas de non-accord, ça fait quand même un peu fake news de seconde main. On ne comprend en tout cas pas très bien pourquoi economiesuisse devrait rester aussi imprécise sur des estimations aussi cruciales.
https://dev3.radiolac.ch/podcasts/economie-avec-francois-schaller-04022019-071339/