Alexandre Carette est membre du service communication de l’ONU, à Genève. Chaque mardi, il traite de la Genève internationale au micro de Radio Lac.
La Conférence a son siège ici à Genève. Elle se réunit dans une des plus belles salles du Palais des Nations, la salle du Conseil. Ou se dégage une ambiance très solennelle. Je voulais revenir sur cette institution car la Conférence a un mandat très important, surtout dans le contexte mondial actuel : puisque comme son nom l’indique elle couvre toutes les questions en matière de limitation des armes et de désarmement dans le monde. Elle est d’ailleurs la seule instance reconnue pour négocier des conventions internationales dans ce domaine. Cette instance a vu le jour en 1979 et remplace à l’époque le Comité du désarmement. Ces deux organes ont obtenu de très bons résultats à l’époque. Ils ont notamment négocié le traité de non-prolifération, un traité très important dans le domaine de la limitation des armes nucléaires ou encore la Convention qui interdit l’usage des armes chimiques.
Le problème, c’est que cette Conférence du désarmement est quasi paralysée depuis une vingtaine d’années.
Depuis presque 20 ans, elle cherche un programme de travail sur la base duquel elle pourrait continuer ses travaux. Il faut dire Philippe, que le fonctionnement de la Conférence est particulier puisqu’il repose entièrement sur le Consensus. C’est-à-dire que pour chaque décision, il faut que les 65 États membres qui composent la conférence soient d’accord. Alors c’est vrai que ce mode de fonctionnement permet d’aboutir à un Traité fort car il repose sur un accord large et massif lorsque tous les États s’entendent. Le revers de la médaille c’est qu’un seul état peut bloquer l’ensemble des travaux de la Conférence. Ce qui explique en partie la paralysie de la conférence actuelle.
Ce qui est vrai, c’est que vu le blocage de la Conférence, les négociations sur certains traités comme le futur traité interdisant la production de matières fissiles sont au point mort, en raison de divergences de points de vue. Et d’autres traités liés au désarmement adoptés récemment se sont négociés dans d’autres enceintes. C’est le cas notamment de la Convention sur les mines antipersonnel, de la Convention sur les armes à sous-munitions et du Traité sur le commerce des armes.
Malgré tout les délégations tentent toujours de trouver un consensus sur son programme de travail. Et là ce sont les présidents successifs de la Conférence qui ont un rôle de moteur à jouer. Et parfois sous l’impulsion d’un président, une nouvelle dynamique peut se mettre en en place, sans que pour l’instant l’une ait permis de relancer les travaux de la Conférence.
Les sujets à l’ordre du jour lors des réunions des membres de la Conférence
Ils discutent bien sûr des propositions mises sur la table concernant l’organisation de la Conférence mais d’une manière générale, ils profitent de cette enceinte pour commenter ou pour condamner des faits qui se sont passés dans le monde en lien avec le désarmement. Par exemple, la semaine passée, le Royaume-Uni a communiqué sur les résultats de l’enquête britannique suite à l’utilisation d’un agent chimique sur son territoire. C’est la fameuse histoire dont la presse a beaucoup parlé, de l’attaque contre un ancien espion russe et sa fille à Salisbury. Le Royaume-Uni estime qu’il s’agit là d’une attaque qui viole la Convention contre les armes chimiques. Et de nombreuses délégations ont ensuite débattu sur cette question. La Conférence a aussi longuement discuté il y a quelques mois des attaques chimiques présumées survenues en Syrie ou encore des tests balistiques opérés par la République populaire démocratique de Corée, le nom officiel de la Corée du Nord.
Les perspectives pour la Conférence les prochaines années ?
Il est difficile d’entrevoir un changement à court terme. La Présidente de la Conférence à la fin des travaux vendredi, en fin de soirée, a une nouvelle fois demandé aux États membres de tout faire pour trouver un accord sur un programme de travail lors de la prochaine session l’année prochaine. En 2019, une nouvelle fois, cette question devrait être au centre des débats.
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