Est-ce qu’en Suisse il y a de la torture ? C’est la question que se pose le Sous-Comité des Nations Unies pour la Prévention de la Torture qui est actuellement en Suisse pour un examen. Philippe Reichen, vous êtes correspondant du Tages-Anzeiger en suisse romande, vous avez une idée ce que font ces experts en suisse?
J’aimerais bien avoir une idée. J’ai essayé d’obtenir des infos. Mais ni le département de la justice à Berne sait ce que fait ce sous-comité. Les autorités suisses ne savent strictement rien, sauf que les experts de l’ONU visitent des établissements pénitentiaires dans toute la Suisse. La seule chose que le département de la justice a fait, c’est qu’il a envoyé une liste des prisons au comité et a écrit une lettre à tous les établissements pénitentiaires pour les avertir qu’ils doivent ouvrir leurs portes aux experts.
Pourquoi cette cachotterie ?
Pour garantir l’indépendance du comité. La Suisse a ratifié le Protocole facultatif à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels en 2009. Dans ce protocole est prévu que chaque état signataire sera visité par les experts onusiens. 88 pays ont ratifié ce protocole à ce jour.
Je m’imagine que la suisse n’est pas le premier pays qui est examiné.
Pas du tout. Il y avait 70 visites environ dans des autres pays déjà.
On connait les membres qui examinent la suisse ?
Ca sont des experts pour les droits de l’homme. La présidente du comité qui est en Suisse est française. Elle s’appelle Catherine Paulet. Ensuite il y a des membres qui viennent de Maurice, du Togo, de la Chypre, du Maroc et de la Mauritanie.
Mais c’est probable qu’ils constatent des cas de torture en Suisse.
J’ai parlé avec un expert à ce sujet. Tout d’abord, le respect pour les droits de l’homme dans des prisons suisses est évident. Mais l’expert voit deux risques pour des critiques. Les cellules sont des fois trop petites. Et selon ce même expert dans certains endroits en Suisse la justice travaille toujours avec des méthodes de la contrainte judiciaire pour obtenir des informations ou des aveux. Et ça c’est interdit.
Le comité va-t-il publier son rapport ?
Non. En principe il est confidentiel. C’est le Conseil Fédéral qui doit prendre la décision de le publier ou non.
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