Le gouvernement allemand a adopté hier une loi sur l’immigration économique extra-européenne. Il s’agit de faciliter le recrutement de compétences dans le monde. Un modèle qui va faire des envieux parmi les entreprises suisses.
Certainement. Cette nouvelle loi permet à des candidats venus du monde entier de séjourner six mois en Allemagne pour y trouver un emploi. A trois conditions : avoir des qualifications professionnelles recherchées sur le marché du travail. Parler l’allemand, et attester de son autonomie financière pendant cette période. Si le candidat est engagé quelque part, il obtient un permis de travail de plus longue durée. Et bien sûr d’établissement.
C’est tout de même assez vague à ce stade.
L’application de cette loi sera probablement évolutive. C’est l’Etat qui fixera les compétences dont l’économie a besoin et qu’elle ne trouve pas dans l’Union Européenne. Et le niveau d’allemand au départ devra bien entendu être précisé. Ça s’inspire un peu du modèle américain d’immigration, en fait.
La Suisse n’a pas du tout ce genre de disposition ?
Formellement non, mais les candidats peuvent venir avec un permis de touriste. Trois mois. Ensuite, ce sont aux employeurs intéressés de faire les démarches auprès de leur canton. C’est long et toujours assez aléatoire. En revanche, que le candidat parle ou non une langue nationale en Suisse n’a aucune importance à ce stade. Tout peut se faire en anglais.
Alors l’expérience allemande va probablement être suivie de près en Suisse. Ce ne sont pas tellement les grandes multinationales qui sont concernées. Elles recrutent souvent à partir de l’étranger. Ce sont surtout les petites entreprises qui visent le marché mondial avec des spécialités industrielles, technologiques, de services. L’Allemagne en regorge. La Suisse aussi.
Mais si une entreprise suisse a besoin aujourd’hui d’une compétence particulière, on la lui accorde.
Oui et non. Supposez que vous vouliez vous faire connaître et vendre sur le grand marché indonésien, au hasard. Il peut être fort utile d’avoir un ou plusieurs indonésiens dans votre équipe. Mais si vous devez démontrer que vous en avez besoin, et que vos ambitions indonésiennes n’en sont qu’au stade de projet, ça peut devenir compliqué. Et puis il y a les périodes d’essai. Il faudra peut-être tout recommencer trois mois plus tard.
Vous pensez que ce nouveau modèle allemand serait politiquement possible en Suisse ?
Par rapport à l’UDC vous voulez dire ? Je ne crois pas que ce serait un problème. A ma connaissance, l’UDC n’est pas opposée à cette immigration-là. Au contraire, si ça peut diversifier géographiquement les exportations. Pour moins dépendre de l’Union Européenne.
L’UDC paraît surtout focalisée sur le niveau global d’immigration. Alors elle veut pouvoir contenir les réfugiés et demandeurs d’asile. Et puis elle a tout de même obtenu une réduction possible de l’immigration européenne susceptible d’être en concurrence avec des demandeurs d’emplois plutôt peu qualifiés. La différence avec l’Allemagne, c’est que les salaires suisses de bas d’échelle sont beaucoup plus attractifs pour les Européens. Sur le reste, l’esprit de cette nouvelle politique en Allemagne ne semble pas incompatible avec celle de l’UDC.
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