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De qui se moque-t-on?

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Le Conseil administratif a convoqué la presse pour justifier ses dépenses. (Crédit: MP)

Il faut être clair: nous serions en Suède, le rapport de la Cour des comptes sur les frais professionnels 2017 du Conseil administratif de la Ville de Genève ne resterait pas sans conséquence politique. Esther Alder et Guillaume Barazzone, au minimum, seraient contraints de quitter leur poste.

Les conclusions de l’audit rendu ce jeudi sont ahurissantes. Dans le privé, elles seraient rédhibitoires pour n’importe quel employé ou cadre. Factures de téléphone invraisemblables, frais de bouche tard dans la nuit, durant des jours fériés ou dans des lieux inhabituels pour la fonction publique – lieu touristique à l’étranger, buvette de plage -, paiement d’alcools forts dans un cabaret de la place, financement d’une bouteille de champagne de prestige, prise en charge régulière de courses de taxis à destination ou au départ d’une adresse privée: le tout réglé par le contribuable, of course.

Guillaume Barazzone et Esther Alder ont beau se justifier, on peine à comprendre leur fonctionnement. Comment peut-on décemment cumuler 17 315 francs de factures téléphoniques en une année – près de 30 000 francs sur deux ans – sans réagir? Comment peut-on régler une addition au petit matin comprenant une bouteille de champagne sans imaginer que l’on commet un impair? Comment peut-on prôner la mobilité douce à longueur d’année tout en usant et abusant du taxi pour des petits trajets au centre-ville?

C’est simple, c’est un scandale. Faut-il rappeler qu’un conseiller administratif gagne très précisément 253 923 francs par an, qui comprend notamment une allocation complémentaire de vie chère de 6 193 francs? Sans parler de l’indemnité de conseiller national de Guillaume Barazzone. Ce salaire confortable ne permet-il pas de régler soi-même ses factures privées?

Explications abracadabrantesques 

Et que dire des explications données par les édiles municipaux pour défendre l’indéfendable? Guillaume Barazzone assure avec un aplomb prodigieux avoir confondu sa carte de crédit privée avec celle de la Ville. La belle affaire! En revanche, le démocrate-chrétien louvoie lorsqu’il doit indiquer si l’inverse s’est déjà produit, à savoir que sa carte de crédit privée a malencontreusement payé une facture professionnelle. De qui se moque-t-on?

Rémy Pagani semble, lui, découvrir la lune lorsque la Cour lui reproche des frais de bouche un 25 décembre ou en compagnie de personnes indéterminées. En poste depuis onze ans, il semble même regretter que le monde ait changé. Quant à Esther Alder, elle ne voit pas le problème d’utiliser le taxi pour se rendre à son domicile, au centre-ville, entre midi et deux plusieurs fois par semaine alors qu’elle bénéficie d’un abonnement TPG et d’une place de parking offerts. Le tout pour plus de 3000 francs en un an quand Sami Kanaan totalise 214 francs sur la même période. « Je considérais que c’était plus efficace car les taxis peuvent emprunter les voies de bus », affirme-t-elle.

Alors bien sûr, Guillaume Barazzone a remboursé ses excès. Le magistrat PDC pense sûrement que ce geste de plus de 50 000 francs l’absoudra. Il se trompe. Pour prendre un exemple pénal, un voleur n’est pas acquitté parce qu’il a remboursé le montant de son larcin. Rappelons aussi que ce n’est que parce que le démocrate-chrétien a été pris la main dans le pot de confiture qu’il a fait preuve, d’un coup d’un seul, d’une certaine droiture.

L’Exécutif de la Ville de Genève aurait pu arrêter les frais ici. Mais il a préféré camper sur ses certitudes, notamment en matière de transparence. Fait assez rare, il a refusé trois recommandations sur onze tout en se plaignant du « ton très dur de la Cour » considéré comme « inadéquat et contre-productif ». Belle prouesse quand on sait que ce même Exécutif n’a eu de cesse de compliquer la tâche des magistrats de la Cour, mandatant un avocat et demandant un avis de droit pour se soustraire à ses investigations. On comprend mieux pourquoi aujourd’hui.

Probité morale

Le contribuable se fait avoir deux fois. Il paie à son corps défendant les virées privées et somptuaires de ses élus. Puis, il est prié de croire leurs explications abracadabrantesques.

Les représentants de l’Etat ont un devoir d’exemplarité. Et ce n’est pas une loi ou un règlement qui doit le guider, mais son sens de l’Etat. Il est consternant que les uns et les autres se cachent derrière l’absence de règles pour justifier leurs excès. De Gaulle lui-même payait ses factures d’électricité à l’Elysée sans y être obligé par un quelconque texte. On est en droit d’attendre de nos dirigeants une probité morale à la hauteur de notre République.

@raphaelleroy

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#04 Moi, Manon, 24 ans, stagiaire chez Radio Lac

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Micro sur la rue, direction Plainpalais, objectif micro trottoir.

Episode #04 Exercice pratique en extérieur

Maintenant que je sais tenir un micro, que je sais faire quelque petites manipulations techniques, et que je suis un peu moins hésitante dans les tâches de ce stage, je peux y aller. Dans la rue.

Des gens pressés retournent au travail, écouteurs dans les oreilles. Ils traversent au milieu des voitures, se bousculent, se fusillent du regard ou baissent les yeux. Mais pas uniquement. Il y a aussi les amoureux, qui marchent mains dans la main en souriant, les amis qui partage un fast-food, avançant d’un pas nonchalant, les hommes d’affaires qui profitent des rayons de soleil sur Plainpalais, costumes impeccables et petites mallettes, et puis les rêveurs qui regardent en l’air. 

C’est plutôt vers eux que je me dirige, sac Radio Lac à l’épaule et enregistreur Tascam dans la main. Ma mission aujourd’hui, c’est de rechercher les voix de Radio Lac. Ces voix, ce sont les auditeurs, qui nous diront où ils écoutent Radio Lac, leur impression sur la Radio. Barbara m’a donné ses bons plans pour aborder les trottoirs à la rencontre des passants, et me voilà partie.  Le but est d’avoir des réactions vraies, bien sûr, mais souvent le micro impressionne, nous avons donc préparé quelques phrases parmi lesquelles chacun peut piocher.

Je sais que j’aurai plusieurs refus. Je sais que ça ne sera pas de tout repos, et que je risque d’essuyer des regards fuyants, des « non merci » polis…  

Mais c’est aussi ça le jeu et la réalité du terrain. Et la contrepartie est très agréable. Certaines  interventions m’ont particulièrement marquées, comme ces deux garçons qui partageaient leur repas. Ils étaient très amusés à l’idée de passer au micro, mais qui ont mis plusieurs minutes à choisir LA phrase parfaite. Un monsieur qui ne voulait pas passer au micro mais qui aurait préféré aller boire un café… Deux amies qui voulaient parler en même temps et dire la même chose… Et enfin, à la fois drôle et touchant, le héros de ma dernière anecdote: un jeune homme qui s’est senti particulièrement inspiré lorsque je lui ai dit qu’il pouvait s’exprimer librement s’il voulait. Il incarnait le style moderne de la rue.

Comme un petit poème, je vous livre ses paroles:

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« Souvent, à Plainpalais j’écoute Radio Lac, quand je suis monotone, à mes heures perdues, nostalgique, quand je repense à ma vie d’avant, la vie d’artiste. »

Quand je suis revenue dans les locaux de la radio, un peu sous le coup de cette nouvelle expérience, j’étais surtout contente de savoir que dans mon petit appareil se trouvait de nouvelles voix pour la Radio.

A bientôt et bon week-end à tous!

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#03 Moi, Manon, 24 ans, stagiaire chez Radio Lac

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Episode #03 Premier micro et bureau définitif

Déjà presque trois semaines que je suis en stage dans la rédaction de Radio Lac, et ce ne sont pas les découvertes qui ont manquées dernièrement. Les premiers jours, plutôt calmes, ont vite laissé la place à quelques surprises et de nouvelles missions. 

Comme je l’ai déjà dit, j’apprécie particulièrement la littérature de manière générale, donc quand j’ai appris que Benjamin Smadja allait enregistrer un auteur Genevois cette après-midi là, j’ai sauté sur l’occasion et lui ai demandé de le suivre dans le studio. L’auteur, Guillaume Rihs, est très naturel et à l’aise au micro. Il nous présente son nouveau livre  avec simplicité et humour. Avant de commencer l’enregistrement, il me donne un exemplaire à feuilleter pendant l’interview. 

J’aime bien ce format en puzzle, les conversations s’enchaînent. Mais tandis que le journaliste pose ses questions, je commence à m’inquiéter un peu. En effet, l’auteur répond en me jetant parfois un regard, je me dis que ce pourrait être un problème, étant donné qu’il est filmé et que moi, je suis censé être invisible, juste observatrice! Pour autant, Benjamin n’arrête pas l’interview, et quelques échanges plus tard, il lance au micro: “Manon est avec nous dans le studio, je vous ai donné le livre au début de l’interview, qu’est ce que vous en retenez?”.

Sueur froide ou bouffée de chaleur, je ne sais plus trop ce qui s’est passé à ce moment, mais je n’étais en tout cas pas du tout préparée à dire mes premiers mots. Dans l’urgence, je garde la face et rapproche le micro. Au final, quelques phrases plus tard, je me dis que ce n’était pas si terrible, pour une première expérience. Et même plutôt sympa en fait. La dernière fois que j’étais au micro c’était pour casser les oreilles de mes parents, sur ma chaîne Hifi, c’est donc une promotion radicale.

Installation permanente

En marge de cet événement, ma semaine a aussi été marquée par mon installation à mon propre bureau. En effet, jusque là, j’empruntais celui des absents de la rédaction. Et pour moi, qui disait bureau à soi disait installation d’un poste de travail agréable. Je n’avais jusque là jamais eu d’espace à moi lors de mes précédents jobs, je les avais  toujours partagés avec des collègues. J’ai donc installé un calendrier pour tenir les événements à jour, mon carnet genevois, et un cadre photo avec celui qui partage ma vie.

Ce dernier élément a beaucoup fait parlé à la rédaction, et chacun y est allé de son commentaire ou de sa petite blague, ce qui m’a fait bien rire et m’a confortée dans l’idée que s’aménager un petit coin personnel, même au travail, c’est important.

D’ailleurs, sur chaque bureau on voit la petite touche de son propriétaire : livres, jeux de société, biscuits, accessoires, plantes, trophées, chapeaux, peluches…. Comme quoi, je ne suis pas la seule !

Bonne fin de week-end et rendez-vous dimanche prochain pour la suite de ces aventures.

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Cinéma : Roxane, comédie rurale emplie d’espoir

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Premier film de la réalisatrice Mélanie Auffret, Roxane dépeint l’histoire d’un agriculteur qui va se battre pour la survie de son exploitation.

Guillaume de Tonquédec interprète Raymond, un agriculteur qui possède une belle exploitation de poules, à qui il déclame de la littérature comme Cyrano de Bergerac. Accompagné de sa fidèle poule Roxane, il est un jour rattrapé par les contraintes des grandes surfaces. En effet, ces dernières décident de ne plus se ravitailler dans son exploitation.

Au travers de cette comédie, Mélanie Auffret, réalisatrice du film, s’attaque à un sujet de société terriblement actuel, celui des paysans menacés et de leur exploitation : pertes de terres, de revenus, drames humains ou familiaux, etc. Mais Roxane n’use jamais de la corde sensible, privilégiant une approche un peu plus légère et surtout extrêmement positive et emplie d’espoir. Raymond va en effet tout donner pour se défendre, allant même jusqu’à réaliser des vidéos sur internet et faire « le buzz ».

Mélanie Auffret, réalisatrice du film et Guillaume de Tonquédec étaient les invités de Radio Lac afin de parler de Roxane :

Le film est dans les salles romandes à partir du 12 juin. Découvrez ici la bande annonce du film Roxane :

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Cinéma : le streaming, concurrent important pour les salles

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La fréquentation des cinémas en Suisse a diminué l’an passé. Face aux mastodontes du streaming comme Netflix, la chute semble inévitable. La Confédération a annoncé vouloir faire payer ces nouveaux diffuseurs. Enquête.

« Les compagnies meurent rarement d’aller trop vite, mais elles meurent fréquemment d’aller trop lentement ». Cette phrase, lâchée en 2011 dans un long message de Reed Hasting, patron de Netflix, était prémonitoire. Depuis, l’entreprise californienne peut se targuer d’une croissance folle et de posséder la plus grande base de consommateurs dans le secteur de la SVOD (subscription video on demand, soit une plateforme qui propose ses films et séries en accès illimité à ses abonnés) : 139 millions de comptes actifs, dans 190 pays. Contactée, l’entreprise refuse de fournir les chiffres officiels pour la Suisse. Mais certains médias estiment qu’il y aurait un million et demi d’utilisateurs payants dans le pays. A titre de comparaison, le service « télévision » d’UPC Cablecom rassemblerait 1,1 millions d’abonnés.

La société, créée en 1997, produit du contenu en masse – séries, documentaires, films – et certaines de ses réalisations sont même récompensées : Roma d’Alfonso Cuaron a remporté le Lion d’or du meilleur film à la dernière Mostra de Venise. Cependant, la concurrence augmente, avec les plateformes d’Amazon ou d’Apple, récemment annoncée et disponible cet automne. Sans oublier les futurs acteurs de la bataille : un projet du groupe de la Warner et surtout celui de Disney, qui frappera un grand coup avec son catalogue orienté famille, super-héros et Star Wars. Sur la seule année 2019, la firme aux grandes oreilles va investir seize milliards de dollars dans ses contenus. La plateforme devrait être disponible d’ici la fin de l’année.

Dans cette jungle du streaming et sa population d’adeptes toujours grandissante, les salles de cinéma pourraient trembler. En 2018, outre cette nouvelle concurrence, une Coupe du monde de football, un automne sec et chaud et des prix parfois élevés ont affecté la fréquentation des salles en Suisse. Les chiffres font état d’une baisse de 13% par rapport à 2017. Une situation similaire à la crise traversée lors de la création de la télévision ?

« La comparaison est évidemment tentante mais elle fait apparaître à la fois des discontinuités et des continuités, explique Mireille Berton, spécialiste du cinéma à l’Université de Lausanne (UNIL). Discontinuités, car la télévision n’est pas aujourd’hui seule en cause dans cette désaffection des salles de cinéma. Continuités parce qu’il s’agit d’une occasion pour l’industrie du cinéma de diversifier son offre et se positionner sur un autre terrain. »

Changement de consommation

Avec l’essor de telles plateformes, c’est le mode de consommation du produit cinéma qui a changé : Netflix et consorts doivent alimenter en permanence leur vidéothèque pour garder leurs clients, tout en proposant du contenu distrayant. Mais, pour Lionel Baier, réalisateur et directeur du département cinéma de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL), cette situation n’est pas vraiment nouvelle : « Même avant ces diffuseurs, le côté entertainment a toujours existé. Ce qui change désormais, c’est la grande offre dont nous disposons à la maison. Mais, selon moi, il y aura un contrecoup dans le futur : le besoin de ressortir, de retrouver le plaisir de la salle. »

Un constat partagé par Patrick Dentan, programmateur de quatre salles en Romandie : « La salle offre quelque chose d’unique et reste le meilleur moyen de s’immerger dans un film. Les spectateurs doivent cependant voir la plus-value d’une salle : un invité, la qualité de son installation… Ils n’ont pas hésité à aller voir le biopic sur Freddie Mercury, par exemple. Mais, il est vrai que l’offre est pléthorique et, parfois, on a du mal à s’y retrouver. On ressent une baisse de fréquentation. »

Pas tous à la même enseigne

Pourtant, des exemples prouvent que si certaines salles souffrent, d’autres résistent. La preuve avec le Ciné 17 et le Cinérama Empire à Genève. Ces deux salles, gérées par la société ProCitel, ont réalisé de bons scores d’entrées en 2018. « Plus vingt-cinq pour cent pour le Ciné 17 et plus trente cinq pour cent pour le Cinérama ! se réjouit Didier Zuchuat, administrateur de la société. Nous avons deux des positionnements clairs qui nous permettent de tirer notre épingle du jeu. Le Ciné 17 vise essentiellement les films en langue originale et fédère les anglophones de la Genève internationale. Pour le Cinérama, on s’autorise des grands films, mais également des rediffusions, des films d’art et d’essai ou même des exclusivités francophones comme le fameux Roma. » Le film a réalisé les meilleures entrées de la salle depuis sa rénovation en automne 2015.

Il ne faudrait donc pas enterrer toutes les salles trop vite. Car, même si d’autres marchés européens subissent des baisses de fréquentation d’une année sur l’autre – comme en France –, ces chiffres sont à relativiser avec des entrées toujours importantes. Dans l’Hexagone, un peu plus de deux cents millions de tickets ont été vendus. « Ce n’est pas un phénomène global, explique Emmanuel Cuénod, directeur du Festival du film de Genève (GIFF). On crie peut-être vite au loup… Souvenez-vous des réactions lors de la sortie des livres de poche, ou des DVD ! » Mireille Berton abonde dans son sens : « Il faut se garder d’interpréter le phénomène en termes de crise car on assiste plutôt à une diversification des types de loisirs. Complémentaires et non rivaux. »

Nouvelle génération de cinéphiles

Pour autant, certains s’inquiètent de la perte d’intérêt de la jeune génération pour les salles – au profit d’autres supports – ce qui pourrait leur porter atteinte à l’avenir. Patrick Dentan, programmateur : « C’est davantage la cinéphilie que les salles qui sont en danger. Avec ces nouvelles manières de consommer en ligne, sur notre téléphone, on perd le côté “oeuvre artistique”. Fera-t-on encore la différence dans dix ans entre un téléfilm, une longue publicité ou une série ? » Et comme indique Lionel Baier, « la vertu première du cinéma est d’être exceptionnel. Si cela devient banal, on risque de perdre ce plaisir. »

La spécialiste de l’UNIL, Mireille Berton nuance : « Voir un film au cinéma ou sur son téléphone portable, cela n’est pas comparable et les diffuseurs en sont bien conscients.» La diffusion de Roma à Genève en est une nouvelle preuve.

Une certitude toutefois, le milieu du cinéma se rend compte qu’une évolution est en route : « La désacralisation de la salle est réelle. Les spectateurs ont compris qu’ils pouvaient aussi avoir des émotions fortes devant une oeuvre, même sur un petit écran, analyse Emmanuel Cuénod. Et pourtant, les jeunes sont au rendez-vous du GIFF. La tranche des 18-35 ans représente plus de la moitié de notre public ! »

Quant à la nouvelle génération de talents du cinéma, cinéphiles ou réalisateurs, elle peut se réjouir de l’avènement du numérique pour se construire une culture cinématographique plus développée. « C’est désormais impensable pour un étudiant de l’ECAL de ne pas avoir vu des classiques, constate Lionel Baier, directeur de la section cinéma de l’école cantonale. Auparavant, il était difficile de trouver certains films, désormais tout est en ligne. Cela permet aussi d’avoir une plus grande connaissance du septième art. »

Reste que, face à la nouvelle donne du streaming, les autorités suisses haussent le ton. Le 1er février dernier, l’Office fédéral de la culture a demandé aux fournisseurs de streaming de participer au financement des productions helvétiques à hauteur de 4% des revenus générés dans le pays. A quand House of Cards sous la Coupole fédérale ?

@RobinJaunin

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« Une Intime Conviction », quand la justice devient thriller

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Cette semaine sort en salles un thriller judiciaire français. Largement adapté de l’affaire Viguier, il se penche sur la justice et la nécessité du doute. Le réalisateur du long-métrage est l’invité de Benjamin Smadja et Robin Jaunin.

Début 2000, une femme disparaît. C’est alors que des soupçons grandissent à l’encontre de son mari, Jacques Viguier. Le premier procès, en avril 2009, abouti à l’acquittement de ce dernier. S’ensuit alors un second procès, en appel, en mars 2010, où la décision est confirmée. C’est ce second procès qui est illustré dans le très bon thriller judiciaire « Une Intime Conviction », dans les salles romandes depuis le 13 février.

Nora (Marina Foïs) est le seul personnage fictif du long-métrage, et est persuadée de l’innocence de Jacques Viguier. Elle tente de convaincre le célèbre Maître Eric Dupond Moretti (Olivier Gourmet) de reprendre le dossier. Mais sa quête de vérité risque de virer à l’obsession.

Le réalisateur du long-métrage, Antoine Raimbault, est l’invité de Benjamin Smadja et de Robin Jaunin. Entretien complet à retrouver ici :

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Découvrez la bande annonce du film :

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