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La liste Falciani (HSBC) : faut-il renoncer aux poursuites ?

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Il y a 7 ans,le

Hervé Falciani ne sera pas extradé d’Espagne vers la Suisse. Falciani c’est cet ancien informaticien du groupe bancaire HSBC à Genève. Il avait exfiltré une impressionnante liste de fraudeurs fiscaux potentiels. La fameuse liste Falciani a permis de récupérer des milliards d’euros depuis 2010. Vous ne pensez pas, François, que la Suisse devrait renoncer à ses poursuites?
Non. Soyons clairs : la Suisse peut tout à fait vivre sans qu’Hervé Falciani purge les cinq ans de détention auxquels il a été condamné. Mais il y a tout de même une importante question de principe.
Petites comparaison à prendre avec des pincettes: imaginez un individu qui truciderait un passant pour lui soutirer son portefeuille. Aïe. L’individu est arrêté. Mais, oh surprise : il s’avère que la victime est elle-même un truand recherché par toutes les polices du royaume. Faut-il pour autant renoncer à sanctionner l’agresseur? Non, certainement pas…
Le dilemme est archi-classique et facile à trancher. Il s’applique fort bien au cas Falciani. L’informaticien a pillé 130.000 fichiers clients à Genève pour tenter de les vendre à des concurrents libanais. C’est l’acte d’espionnage économique pour lequel il a été condamné en Suisse. Mais oh, surprise : il se trouve qu’une des banques libanaises sollicitées a lancé l’alerte auprès des autorités suisses. Falciani se réfugie en France. Les services secrets français récupèrent sa liste.
Je vous passe les rebondissements de cette histoire hautement rocambolesque. Le résultat, comme vous l’avez dit, c’est quand même que la liste Falciani a finalement permis à plusieurs Etats d’identifier des milliards d’euros qui n’avaient pas été imposés. Dont la France, bien entendu. Elle s’en pas mal vantée.
Mais aussi l’Espagne, où Falciani vit aujourd’hui comme un réfugié. Après s’être autoproclamé lanceur d’alerte ! Merci pour les authentiques whistleblowers.
Falciani aurait fort bien pu être récompensé en France ou en Espagne
C’est vrai. En comparaison, on peut penser ce que l’on veut du système judiciaire américain. Mais c’est bien ce qui s’est passé avec Bradley Birkenfeld : un autre personnage un peu instable psychologiquement. Birkenfeld a laissé des souvenirs à Genève, lorsqu’il travaillait au desk américain d’UBS.
Poursuivi à Washington pour assistance à l’évasion fiscale vers la Suisse, Birkenfeld a balancé des milliers de noms pour tenter de sauver sa peau. Il a finalement purgé une pleine peine de deux ans de prison. Avant d’être récompensé de, de ?… 110 millions de dollars ! Pourcentage réglementaire des fonds récupérés par le fisc aux Etats-Unis !
Falciani, lui, ne purgera probablement jamais ses cinq ans en Suisse. Mais que dire de la France, de l’Espagne ou encore de la Belgique ? Elles n’ont jamais récompensé celui qui vit paraît-il chichement du côté de Madrid. Si Falciani est un héros, alors ça manque tout petit peu de grandeur…
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Les canicules sont comme les grands froids : elles impactent l’économie. De manière parfois inattendue d’ailleurs.
Oui, certaines activités se « réjouissent » des canicules si l’on peut dire. Les marques de ventilateurs évidemment, les maillots de bain, les commerces qui en vendent. Les gens peuvent aussi se réfugier dans des grandes surfaces ou d’autres endroits protégés pour bénéficier de cinq minutes de climatisation. Et faire du coup quelques achats d’opportunité. Mais c’est dans la vente de boissons que la sensibilité est la plus élevée.
Avec parfois des effets à double tranchant.
Oui, la vente de bière par exemple. Un cas d’école. Plus il fait chaud, plus les gens ont tendance à en boire. Mais à partir d’un certain seuil de température, eh bien la tendance s’inverse. Je crois qu’on y est aujourd’hui. Les gens évitent de boire de l’alcool. Ce peut être la même chose avec les glaces à la crème. Là ce n’est pas l’alcool, mais les calories quand même qui posent problème.
Bien des gens évitent de sortir lorsqu’il fait très chaud. Ce n’est pas très bon pour les commerçants.
En effet, et pour les commerçants au sens le plus large. S’il fait trop chaud, les personnes âgées s’interdisent même de sortir. Si elles ont des rendez-vous chez le médecin ou le coiffeur, eh bien elles les annulent (sur recommandation du médecin d’ailleurs). C’est encore plus prononcé en cas de gel et de verglas. Les spécialistes de prothèses auditives connaissent cela par exemple. La consultation n’est que reportée, mais ce sont quand même des coûts et des manques à gagner.
Quels sont produits les plus réactifs aux grandes chaleurs ?
En positif, ce sont les crèmes solaires, les insecticides ou encore les habits pour enfants. Dans l’alimentaire, les glaces, les eaux gazeuses, mais aussi les salades. En négatif, on sait par exemple que la consommation de chocolat baisse sensiblement. De 5% à 10% en général. Sans parler de certains produits de saison, bien entendu. La raclette est un met peu compatible avec les records de chaleur.
Quels sont les secteurs particulièrement sensibles ?
On estime que plus de 70% de l’économie est météo-sensible en fait. En positif ou en négatif, mais le négatif l’emporte nettement sur le positif. Ça recouvre forcément beaucoup de choses. L’agro-alimentaire on l’a vu, la grande distribution, la restauration, les loisirs, le tourisme, le bâtiment, les travaux publics, l’énergie, les transports, etc. Et puis les métiers qui touchent aux premiers secours ou à la sécurité des personnes.
Qu’est ce que ça représente à l’échelle globale?
Ces variations sectorielles se retrouvent dans les chiffres d’ensemble de l’économie, de plus en plus sensibles à ce que l’on appelle les effets saisonniers. En 2003, une évaluation avait été tentée en France. On estimait que la perte nette due à une canicule pouvait aller de 0,1% à 0,2% du produit intérieur brut. Ça ne paraît pas beaucoup, mais rapporté à la Suisse ça fait quand même plus ou moins un milliard de francs.
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Migros annonce des suppressions d’emplois en Suisse orientale. Ça peut paraître lointain, mais ça interpelle beaucoup de l’autre côté du pays.
Oui, c’est-à-dire à Genève et dans le canton de Vaud. On sait que les deux coopératives régionales occidentales sont aussi sous pression. Elles font partie comme la Suisse orientale des entités les plus exposées aux achats transfrontaliers.
Des mesures ont déjà été prises chez Migros Genève et Migros Vaud.
Oui, depuis longtemps, mais sans licenciements collectifs. Or la baisse des ventes et des marges apparaît chaque année dans les rapports de gestion. Il y a tout juste un an, la centrale de Zurich annonçait déjà des suppressions de postes dans ses quartiers généraux. Une vraie sensation s’agissant d’un groupe qui semblait au-dessus de ce genre de contrainte.
C’était surtout dans l’administratif et le marketing.
Oui, ça ne concernait pas le personnel de vente et de logistique peu qualifié et difficilement réorientable. C’est en tout cas ce que l’on s’était dit pour se rassurer. Or cette fois, c’est clairement le cas. Et ça donne l’impression d’un palier qui vient d’être franchi. A moins qu’il s’agisse d’une brèche dans la digue des coopératives régionales. Une sorte de précédent. Si la Suisse orientale l’a fait, pourquoi pas Genève, Vaud, Valais ?
Peut-être parce que la proximité avec l’Allemagne suscite davantage d’achats transfrontaliers qu’avec la France.
C’est vrai. Le différentiel de prix dans l’alimentaire est nettement plus grand avec l’Allemagne. Mais il n’y a de loin pas que les achats de proximité, et pas que l’alimentaire surtout. Dans le non-alimentaire, le tourisme d’achat passant par l’aéroport de Genève et les TGV est également redoutable pour le commerce de détail en Suisse romande. Et puis il y a Internet et le e-commerce. 3800 emplois ont été perdus ces dix dernières années dans le commerce de détail dans le canton de Vaud. C’est 10% en moins. 1% par an. Là, il faut peut-être s’attendre à de nouveaux durcissements.
Le groupe Coop a l’air moins bousculé.
Il ne l’est pas beaucoup moins, mais il donne l’impression de réagir davantage. Les Lausannois le constatent actuellement avec les travaux d’agrandissement et de modernisation de Coop City à Saint-Laurent. Ou avec l’ouverture de la filiale Fooby à Bel-Air, dans l’alimentaire haut de gamme. Une grande surface expérimentale à l’échelle suisse. Elle doit encore faire ses preuves.
Est-ce que ça veut dire que Coop est mieux organisé et dirigé que Migros ?
Peut-être, mais ce n’est pas d’abord une question de personnes. L’univers Migros souffre apparemment de son organisation décentralisée dans le pilier historique de distribution. Les coopératives régionales sont très jalouses de leur autonomie et de leurs prérogatives. Ça génère des doublons, des coûts et des conflits d’intérêt avec Zurich. Le groupe Coop a renoncé à ce modèle il y a une dizaine d’année. C’est peut-être aussi ce que Migros devra faire un jour. A moins que les coopératives régionales se mettent à prendre aussi des décisions douloureuses pour leur image. Comme en Suisse orientale précisément.
Le communiqué de Migros sur les suppressions de postes en Suisse orientale précise toutefois que le réseau de vente sera épargné.
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Ecoles, stages, apprentissages, perfectionnements : c’est en juin et juillet que se prennent souvent les décisions personnelles de formation. Que sait-on des attentes actuelles sur le marché de l’emploi ?
Eh bien ce sont les profils techniques qui sont les plus demandés dans les entreprises si l’on se réfère aux offres d’emploi publiées ces derniers mois. Sans compter le secteur public je précise. Ça veut dire aussi que ces profils font l’objet d’attention particulière dans les entreprises. Ils sont sous pression et doivent toujours être à la hauteur.
Ce n’est pas vraiment nouveau.
Non effectivement, mais cette tendance semble s’accentuer. Aux dernières nouvelles, c’est dans le secteur de la construction que la demande de spécialistes est la plus soutenue. Les annonces avaient augmenté de plus de 20% l’an dernier. Ce serait dû principalement à des travaux d’infrastructures. Cette progression est probablement en train de se stabiliser cette année. Il est trop tôt pour se faire une idée.
Et quelles sont plus précisément les spécialités recherchées ?
Dans l’ensemble des domaines, pas seulement la construction, ce sont clairement les analystes de données. La révolution numérique produit des tonnes de données quantitatives et qualitatives. Elles peuvent et doivent être analysées. Les techniques et instruments d’analyse se sont beaucoup développés. Les entreprises veulent être à jour par rapport cela. Et être capables d’en faire quelque chose de créatif. L’autre profil très recherché, ce sont les développeurs d’application. C’est souvent lié à l’analyse de données d’ailleurs. Encore une fois dans pratiquement tous les domaines de l’industrie et des services.
Il y a aussi d’autres métiers de ce genre très en vogue actuellement.
Oui, et je ne vous étonnerai pas en les énumérant : les managers de l’innovation, les spécialistes de l’intelligence artificielle, ou de la blockchain, ou encore les roboticiens. Ingénieurs en robotique en d’autres termes.
On voit aussi beaucoup d’annonces pour les métiers commerciaux.
Oui, toujours, parce que la vente est évidemment cruciale dans les entreprises. Elles recherchent toujours de bons commerciaux. De très bons commerciaux. Elles en forment aussi. Mais on sait qu’une bonne formation, et même l’expérience suffisent rarement à faire un commercial canon. Il y a un
moment où ça relève davantage du pur talent. Tout est en général mesurable dans cette activité. C’est un état d’esprit en fait. Il faut aimer la compétition. Et se sentir mal lorsque l’on ne gagne pas.
On a l’impression que les annonces pour les emplois dans les services et le social ont un peu baissé.
Oui, proportionnellement en tout cas, et ça demanderait quand même à être vérifié. Ce serait dû probablement à l’évolution démographique. La population a beaucoup augmenté en Suisse à partir de 2007. Ça progresse encore actuellement, mais de manière nettement moins prononcée. Le vieillissement de la population soutien néanmoins l’emploi dans le médico-social. Et il y en a encore pour pas mal d’années…
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Ça semble cette fois inévitable: l’équivalence boursière cessera d’être accordée par l’Union Européenne à la Suisse dans dix jours. Cette mesure de rétorsion n’a pourtant pas l’air de stresser l’économie.
A vrai dire non, bien que personne ne soit tout à fait sûr que les conséquences ne seront pas si importantes. Pour l’économie et pour SIX à Zurich, la plateforme de négoce des actions.
Rappelez-nous ce qu’est l’équivalence boursière.
C’est la reconnaissance de la Suisse comme place financière appliquant les standards européens de régulation. C’est ce qui permet aux actions européennes d’être négociées à Zurich, et aux actions suisses de l’être dans l’Union Européenne. Eh bien ce ne sera plus le cas dans dix jours. Alors on se dit pour se rassurer qu’il n’y aura que quelques complications en plus. Et puis c’est de l’ordre de la finance davantage que de l’économie disons… réelle (celle qui compte). Bien que l’une et l’autre soient évidemment très liées.
Sur le plan politique en revanche, tout le monde semble d’accord qu’il s’agit d’un tournant.
Oui. Une pure mesure de rétorsion. Sans aucun lien de contenu avec l’Accord cadre que la Commission européenne ne parvient pas à obtenir de la Suisse. Et c’est une mesure ostensiblement discriminatoire : l’équivalence boursière dont la Suisse est privée est en revanche accordée aux Etats-Unis, à Hong Kong, à l’Australie. Des Etats qui ne donnent pourtant rien de ce que l’Union Européenne aimerait que la Suisse consente.
C’est ce qui est nouveau dans les relations entre la Suisse et l’UE.
Oui, très nouveau. Et alors là, pas du tout rassurant. Ça crée tout de même un important précédent. Avec une insécurité juridique inhabituelle. On se dit que l’UE pourrait tout aussi bien décider un jour de restreindre l’approvisionnement énergétique de la Suisse à titre de représailles. Parce que la Suisse ne voudrait pas participer à un projet de défense commune par exemple.
Et comment en est-on arrivé là ?
C’est à vrai dire assez anecdotique, et c’est aussi cela qui déstabilise : la légèreté, tout simplement. L’épisode a été raconté par le Financial Times à Londres il y a quelque mois. Jean-Claude Juncker, président de la Commission Européenne, demande à ses conseillers de leur trouver un bâton pour faire bouger les Suisses. C’est là que l’idée de les priver d’équivalence boursière est apparue.
Ce qui est aussi une manière d’affaiblir la place financière suisse.
Oui, et l’on ne peut s’empêcher de se souvenir du moment où cette décision a été prise. Il y a dix-huit mois environ. On parlait beaucoup à l’époque de l’importance que pouvait prendre Paris comme place financière. Au détriment de Londres. C’est toujours d’actualité, d’ailleurs. Alors pourquoi pas de la Suisse ? Vous voyez comment cette affaire d’équivalence boursière peut aussi être vue comme une opportunité pour Bruxelles.
On peut déjà dire en revanche que les effets politiques n’ont pas été ceux que Jean-Claude Juncker attendait.
Non, en effet. Avant même son application, le principal effet que cette décision a eu jusqu’ici, c’est apparemment d’élargir et de durcir le front du refus en Suisse. Il n’en faut pas plus pour crisper. Personne n’aime faire l’objet de menaces et de chantage.
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Actualité
Protectionnisme en Suisse : Trump inspire le Parlement

Publié
Il y a 6 ansle
19 juin 2019
Le Conseil des Etats à Berne vient d’accepter une motion sur le contrôle des investissements étrangers en Suisse. C’est tout à fait dans l’air du temps.
Oui, la motion demande un renforcement des mesures permettant de s’opposer à certaines acquisitions en Suisse de la part d’investisseurs étrangers. Il s’agit nommément de protéger des infrastructures et des entreprises d’importance systémique. Alors oui, ça va dans le sens de la vague de protectionnisme polymorphe venue des Etats-Unis. Hier encore, le président Trump mettait l’Europe en garde contre la tentation de laisser l’euro s’affaiblir pour favoriser les exportations européennes par rapport aux exportations américaines.
Mieux contrôler les entreprises d’importance systémique, ça peut vouloir dire beaucoup de choses.
Oui, et qui ne sont guère précisées à ce stade. Mais on peut se référer à ce que l’Allemagne a décidé il y a six mois. Soumettre à autorisation les participations de plus de 10% dans des domaines comme la production d’électricité, le gaz, l’eau potable. Des infrastructures donc, mais au sens de plus en plus large : il y a aussi les télécoms, et l’on est en plein dedans avec les restrictions plus ou moins imposées au groupe chinois Huawei. Et même les médias. Sans parler de l’industrie de la défense bien entendu.
En fait, c’est la notion d’investissement stratégique qui s’étend.
Oui, dans le débat politique en tout cas. Et ça vise clairement les investissements chinois. Dans les discussions à Berne, il a été question des cas récents de Syngenta et de Gate Group. Deux multinationales suisses passées sous contrôle chinois. L’un dans l’agrobiochimie : est-ce stratégique et systémique ? On pourrait en discuter des heures. L’autre dans le catering du transport aérien. C’est à dire le service, gastronomique en particulier. Et là, c’est plus difficile de voir en quoi Gate Group a une importance stratégique ou systémique pour la Suisse.
Le dossier doit encore passer du Conseil des Etats au Conseil national.
Oui, et faire ensuite l’objet d’un vrai projet. C’est dire s’il n’y a pas d’urgence. Le gouvernement s’y oppose d’ailleurs. Il estime qu’il y a actuellement toutes les bases légales pour intervenir quand l’intérêt national est en cause. Et la motion du Conseil des Etats n’est passée qu’à deux voix d’écart. On est loin du consensus.
Le protectionnisme n’est en tout cas pas l’image que la Suisse veut donner à l’étranger.
Non, surtout pas. Cette motion donne plutôt l’impression d’être destinée à rassurer à l’interne plutôt que de donner un signal extérieur. Parce que les entreprises suisses sont très investies dans le monde, y compris en Chine. Pour que les investissements des entreprises suisses y soient bien accueillis, il faut aussi se montrer accueillants pour les investissements étrangers en Suisse. Et puis est-ce bien nécessaire, dans le climat anti-chinois actuel, de s’aligner sur les Etats-Unis ? L’Allemagne, très exportatrice et très investie également dans le monde, a le même souci de régler le plus finement possible ses relations avec la Chine.
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