Les canicules sont comme les grands froids : elles impactent l’économie. De manière parfois inattendue d’ailleurs.
Oui, certaines activités se « réjouissent » des canicules si l’on peut dire. Les marques de ventilateurs évidemment, les maillots de bain, les commerces qui en vendent. Les gens peuvent aussi se réfugier dans des grandes surfaces ou d’autres endroits protégés pour bénéficier de cinq minutes de climatisation. Et faire du coup quelques achats d’opportunité. Mais c’est dans la vente de boissons que la sensibilité est la plus élevée.
Avec parfois des effets à double tranchant.
Oui, la vente de bière par exemple. Un cas d’école. Plus il fait chaud, plus les gens ont tendance à en boire. Mais à partir d’un certain seuil de température, eh bien la tendance s’inverse. Je crois qu’on y est aujourd’hui. Les gens évitent de boire de l’alcool. Ce peut être la même chose avec les glaces à la crème. Là ce n’est pas l’alcool, mais les calories quand même qui posent problème.
Bien des gens évitent de sortir lorsqu’il fait très chaud. Ce n’est pas très bon pour les commerçants.
En effet, et pour les commerçants au sens le plus large. S’il fait trop chaud, les personnes âgées s’interdisent même de sortir. Si elles ont des rendez-vous chez le médecin ou le coiffeur, eh bien elles les annulent (sur recommandation du médecin d’ailleurs). C’est encore plus prononcé en cas de gel et de verglas. Les spécialistes de prothèses auditives connaissent cela par exemple. La consultation n’est que reportée, mais ce sont quand même des coûts et des manques à gagner.
Quels sont produits les plus réactifs aux grandes chaleurs ?
En positif, ce sont les crèmes solaires, les insecticides ou encore les habits pour enfants. Dans l’alimentaire, les glaces, les eaux gazeuses, mais aussi les salades. En négatif, on sait par exemple que la consommation de chocolat baisse sensiblement. De 5% à 10% en général. Sans parler de certains produits de saison, bien entendu. La raclette est un met peu compatible avec les records de chaleur.
Quels sont les secteurs particulièrement sensibles ?
On estime que plus de 70% de l’économie est météo-sensible en fait. En positif ou en négatif, mais le négatif l’emporte nettement sur le positif. Ça recouvre forcément beaucoup de choses. L’agro-alimentaire on l’a vu, la grande distribution, la restauration, les loisirs, le tourisme, le bâtiment, les travaux publics, l’énergie, les transports, etc. Et puis les métiers qui touchent aux premiers secours ou à la sécurité des personnes.
Qu’est ce que ça représente à l’échelle globale?
Ces variations sectorielles se retrouvent dans les chiffres d’ensemble de l’économie, de plus en plus sensibles à ce que l’on appelle les effets saisonniers. En 2003, une évaluation avait été tentée en France. On estimait que la perte nette due à une canicule pouvait aller de 0,1% à 0,2% du produit intérieur brut. Ça ne paraît pas beaucoup, mais rapporté à la Suisse ça fait quand même plus ou moins un milliard de francs.
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