Une affaire de conflit du travail a amené jeudi la procureure Camilla Masson à comparaître devant le Tribunal de police de Lausanne. Elle a fait opposition à une condamnation par ordonnance pour tentative de menaces. Verdict en fin d’après-midi.
Les faits ne sont pas gravissimes, mais ils ont des conséquences lourdes pour les deux protagonistes. Une condamnation pourrait avoir des répercussions professionnelles pour l’accusée. Et la plaignante a passé 15 mois en arrêt maladie avant de retrouver un emploi dans le privé.
Sur le fond, on reproche à Camilla Masson, 47 ans, cheffe de l’office veveysan du Parquet, d’avoir trop vertement recadré une de ses subalternes, gestionnaire de dossiers. L’altercation du 16 décembre 2016 a conduit à un clash.
La subordonnée a craqué et quitté son poste sur le champ, obtenant un arrêt maladie. Le même jour, dans un courriel, sa supérieure lui a reproché son comportement « inadmissible » et l’a informée qu’elle s’exposait « à des mesures disciplinaires qui pourraient, le cas échéant, conduire à la perte de votre emploi ».
Choc et tremblements
Un choc pour la plaignante: « je ne m’attendais pas à recevoir ce mail. Je tremblais. Je n’avais rien fait pour mériter ça », a expliqué la secrétaire, mère de famille qui élève seule ses enfants.
Pour juger le dossier, le Parquet vaudois a fait appel à Marc Rémy, un procureur neuchâtelois. Ce dernier a retenu la tentative de menaces, estimant que l’accusée avait tenté d’effrayer la plaignante en la menaçant de licenciement. Il l’a condamnée à cinq jours-amende à 250 francs, avec sursis. Camilla Masson a fait opposition, ce qui a provoqué l’audience de jeudi, avec des échanges tendus.
Manque de remords
Jeudi, l’avocat de la plaignante, Me Youri Widmer, a réclamé une condamnation pour menaces et tentative de contrainte. Il s’est étonné « du manque de remords de Mme Masson, qui ne cesse de se victimiser ». Sa cliente a souffert de cette enquête. Elle a dû être suivie psychologiquement durant plusieurs mois.
Me Aline Bonard, conseil de l’accusée, a réclamé un acquittement intégral. « Il est grand temps que cette chasse aux sorcières malsaine cesse », a-t-elle dit. A ses yeux, la plaignante cherche à « s’en prendre au Ministère public dans son ensemble ». Sa cliente ne serait qu’un « bouc émissaire ». Le groupe Impact, qui gère les conflits de travail, a confirmé qu’il n’y avait pas eu de mobbing.
Avec l’aval d’Eric Cottier
Camilla Masson a expliqué que le mail litigieux avait été dicté et validé par le procureur général, Eric Cottier. La subordonnée devait être informée de l’ouverture d’une procédure et de ses éventuelles conséquences; c’est la règle à l’Etat de Vaud. Le président du Tribunal rendra son verdict en fin d’après-midi.
Source ATS