On dirait qu’il n’y a pas une semaine sans que Stadler Rail annonce une importante commande de trains dans le monde. Là, c’est en Allemagne, dans la région de Hambourg. 18 rames articulées.
Oui, c’est vrai que c’est impressionnant. L’autre jour c’était au Texas. Huit trains régionaux complets pour l’agglomération de Dallas. Alors on se dit qu’il faut être sacrément fort pour vendre des trains régionaux suisses aux Etats-Unis.
Stadler Rail est aussi entré en mars dernier sur le marché des actions.
Oui, et c’est un beau succès. Sur le plan financier, mais aussi sur le celui des symboles. Cette entreprise donne depuis trois décennies la preuve que l’on peut développer à grande échelle une activité industrielle ici, en Suisse. Dans un secteur réputé traditionnel, le ferroviaire. Alors que l’on ne parle que de désindustrilisation.
C’est un peu comme Pilatus, dont vous nous parliez l’autre jour.
Oui, nous avons en Suisse un constructeur de jets à succès dans le canton de Lucerne, et un constructeur de trains dans le canton de Thurgovie. Leurs concurrrents sont des géants planétaires dans l’aéronautique et l’industrie ferroviaire. Les deux ont émergé pendant la guerre, puis ont assez vite vivoté. Personne, en Suisse romande en tout cas, n’aurait parié sur le scénario de la relance avant qu’il se réalise. Il est vrai qu’il a fallu trente ans.
Il y a en général une histoire personnelle derrière ces succès improbables.
Oui, des histoires de jeunes ambitieux qui croient très fort en eux. Quand le zurichois Peter Spühler, bardé de diplômes, entre dans l’entreprise, personne ne comprend très bien ce qu’il va faire dans cette galère délabrée. Stadler Rail faisait alors de la sous-traitance et du petit matériel roulant à usage local. L’entreprise avait moins de 20 employés. Aujourd’hui, elle en a 7000. Plus de 2000 en Suisse. Pour des ventes de 2 milliards de francs.
L’industrie ferroviaire a un long historique depuis deux cent ans, mais on est d’accord qu’il s’agit surtout de technologie aujourd’hui.
Oui, tout à fait. De la technologie ferroviaire, et il y en a toujours eu. La spécialité de Stadler, ça a été dès le départ la combinaison de l’électricité et du diesel. C’est de plus en plus demandé dans le monde. Et puis du numérique embarqué. Les rames transmettent leur fréquentation en continu, le nombre de passagers dans chaque véhicule. Ce qui permet de mieux réguler le trafic. C’est aussi sur ce genre de développement qu’un constructeur se profile.
Un train, c’est également du confort, du silence, de la carrosserie, du design…
Oui, ça met en œuvre beaucoup de métiers très différents et au plus haut niveau. Mais ce qui est évidemment le plus décisif, c’est le commercial. Faire les meilleurs trains dans leur catégorie c’est bien, mais les vendre c’est encore mieux. C’est certainement là que Stadler Rail est le plus impresionnant. Parce que les marchés que cette entreprise vise dans le monde sont en général des marchés publics. S’y imposer requiert des moyens, mais surtout beaucoup d’humilité et de talents commerciaux.
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