La banque coopérative WIR annonce qu’elle renouvelle complètement sa direction. On devine qu’ils s’agit de donner un nouvel élan à l’ancêtre des monnaies alternatives en Suisse.
Oui, la monnaie WIR a septante ans. C’est un système d’échange créé à Bâle entre privés et entreprises. Vous contractez un emprunt de quelques milliers de francs à la banque coopérative WIR. En monnaie WIR. Vous ne pourrez ensuite les dépenser qu’auprès des membres du réseau.
C’est combien d’utilisateurs en Suisse ?
60 000, dont 45 000 entreprises. Dans les arts et métiers, surtout les indépendants, petites ou micro- entreprises actives sur le marché intérieur. Dans la construction en particulier. En Suisse alémanique principalement, mais WIR a une succursale à Lausanne pour la Suisse romande.
Ça fait penser aux monnaies alternatives qui fleurissent en Suisse.
Complètement. Le Léman, le Farinet, le Bonobo à Berne, le MLC à la Chaux-de-Fonds. Comme Monnaie locale complémentaire, ce qu’elles sont toutes. Ces expériences ont toutefois de la peine à s’imposer. Faute de masse critique. Un nombre de participants insuffisant et pas assez varié. Mais l’objectif est le même que WIR : favoriser l’économie locale. Une multinationale avec filiale en Suisse ne prendra pas la monnaie WIR. Un paysagiste d’agglomération, c’est plus probable.
Et qu’est-ce qui a fait le succès de WIR ?
Son histoire. La coopérative a été créée après la crise de 1929, la monnaie était devenue rare et le crédit coûteux (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui). Le succès a été rapide et considérable. La banque a ensuite traversé les décennies en tavaillant sur une base d’utilisateurs qui lui a permis de se développer. La monnaie WIR est aujourd’hui reconnue et surveillée par la Banques nationale.
C’est risqué de détenir et d’utiliser la monnaie WIR ?
Sur le plan macro-systémique, non. C’est trop petit à l’échelle monétaire de la Suisse. Mais le risque principal pour l’utlisateur, c’est d’en avoir trop et de ne plus savoir qu’en faire. De ne plus parvenir à la placer. C’est une monaie complémentaire dont il faut user avec modération.
Comment se fait-il que cette monnaie fasse si peu référence dans les milieux alternatifs ?
Ce n’est pas la même culture en fait, pas le même public. Les nouvelles expériences de monnaies alternatives sont en général beaucoup plus orientées écologie, partage, décroissance, économie circulaire. Le réseau WIR est plus libéral au sens historique et national. Vous me direz qu’il y a aussi souvent une dimension un peu libertarienne dans certaines mouvances alternatives…
Ce n’est donc pas incompatible.
Non, ça peut se recouper. Et c’est précisément ce que la nouvelle direction de la banque WIR veut remettre sur l’ouvrage. WIR s’est adapté à beaucoup de situations dans son histoire. L’autre voie sur laquelle la coopérative veut accélérer son évolution, ce sont les technologies financières. Une nouvelle crypto-monnaie, le Giracoin, a été créée il y a deux ans à Bâle. Tiens, le fief de WIR précisément. Eh bien le Giracoin s’inspire ouvertement de WIR, mais à l’échelle du monde. Il a déjà 280 000 utilisateurs dans 143 pays. En Afrique en particulier. Dans des milieux plutôt libéraux disons, mais très souvent portés sur la durabilité.
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