L’Exécutif de la Ville de Genève n’est visiblement pas d’accord sur la notion de transparence. Réunis lundi matin pour parler des suites à donner aux révélations de l’audit de la Cour des comptes, les magistrats ont refusé de donner suite à notre demande. Celle d’obtenir les données concernant les notes de frais, et plus spécifiquement les factures de téléphone, des conseillers administratifs sur les dix dernières années.
Cela s’est joué à trois voix contre deux. Seuls les deux magistrats socialistes, Sami Kanaan et Sandrine Salerno, se sont prononcés pour la publication de ces chiffres. Pour les trois autres conseillers administratifs, Guillaume Barazzone, Esther Alder et Rémy Pagani, c’est donc un refus. « Pour le moment », nous précise-t-on. Contacté, Guillaume Barazzone indique qu’il « attend que ces demandes soient formulées par le Conseil municipal pour y répondre ». Une démarche que soutient le président du PDC Genève, Vincent Maître:
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Ce que révèle cet épisode et ce vote, ce sont surtout les divergences au sein du Conseil administratif sur la stratégie à adopter dans les suites de cette affaire. L’idée de la séance de ce lundi matin, qui s’est clos à midi, était de définir la position à adopter pour faire face au tsunami qu’ont entraîné les révélations de l’audit. Et visiblement, Pour rappel, c’est le rapport de la Cour des comptes qui a mis le feu aux poudres. L’audit a révélé une gestion calamiteuse des notes de frais de l’Exécutif de la Ville de Genève. Depuis, les pressions viennent de toutes parts.
Pressions multiples
Du Conseil d’Etat notamment. Dans une interview à la RTS, le conseiller d’Etat, Mauro Poggia a annoncé qu’ « en tant qu’autorité de surveillance des communes », le gouvernement genevois allait examiner l’affaire. « Le Conseil d’Etat va en parler », a-t-il déclaré. D’après nos informations, l’Exécutif de la Ville de Genève avait pris les devants. Le maire, Sami Kanaan a écrit à l’actuel président du Conseil d’Etat, Antonio Hodgers, assurant qu’il se tenait à disposition pour faire la lumière sur cette affaire. Avec copie à Pierre Maudet, ce dernier ayant conservé la surveillance des communes. Toutefois, Pierre Maudet devrait probablement se dessaisir du dossier tout simplement parce qu’ayant été conseiller administratif, il pourrait être concerné.
Autre pression, celle du Conseil municipal. La commission des finances exige, elle aussi, plus de clarté. L’Exécutif s’est, là encore, montré pro actif. Il a proposé à la commission des finances de consacrer la séance de mardi soir, prévue au départ pour le budget, aux notes de frais. La commission des finances devrait, elle aussi, demander qu’on creuse la question sur les années précédentes. “On risque d’avoir des surprises, nous disait le conseiller municipal MCG, Daniel Sormanni. On verra par exemple combien a dépensé Pierre Maudet quand il était à la Ville.”
Un audit élargi?
Enfin, samedi, c’est le Bureau du Conseil municipal de la Ville de Genève qui a annoncé qu’il voulait que la Cour des comptes étende son audit sur les dix dernières années. Selon nos informations, le courrier du Bureau devait arriver en fin de matinée à la Cour. Les juges décideront s’ils se saisissent de cette demande. A noter: la Cour des comptes pourrait faire le même exercice pour les notes de frais des exécutifs des autres communes du canton mais aussi du Conseil d’Etat. Car, selon les juges, il est question de “gestion administrative et pas de choix politiques”.
@marie_prieur