La rivalité entre les Etats-Unis et la Chine se cristallise autour de la Genève internationale. Amorcée à l’OMC, elle s’est étendue à l’OMS avec le coronavirus et à l’OMPI où Washington pourrait barrer la route à une candidature chinoise pour diriger l’organisation.
Les tensions liées à l’augmentation des tarifs douaniers américains sur l’importation de certains produits chinois avaient accéléré les divergences entre ces deux acteurs à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’une des revendications américaines au sein de l’institution demande que la Chine, qui peut s’auto-attribuer ce statut, ne soit plus considérée comme un pays en développement. Avec les avantages que cette situation apporte à Pékin.
Le transfert forcé de technologies vers la Chine a longtemps été ciblé par les Etats-Unis, mais aussi d’autres acteurs comme l’UE. Washington tente de résoudre ce problème pour ses entreprises dans les discussions qui ont abouti à une première phase de normalisation avec son rival.
Cette question rebondit désormais à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), dont 83 membres, notamment la Suisse, vont désigner début mars le probable successeur du directeur général Francis Gurry. Une décision qui devra être avalisée début mai par l’Assemblée générale de l’institution. En lice, plusieurs candidats dont la Chinoise Wang Binying qui fait déjà partie de l’OMPI.
Election observée
Les Etats-Unis sont prêts à rassembler les autres Etats pour tenter de faire élire le Singapourien Daren Tang, selon des sources concordantes. Outre le contenu du mandat dans une institution où le groupe de télécommunications Huawei dépose le plus grand nombre de demandes de brevets internationaux, ils veulent aussi éviter que la Chine ne contrôle 5 des 15 principales agences onusiennes.
Après un scrutin controversé pour la direction de l’Agence de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) en 2019, les votes des membres de l’OMPI seront très observés. Des rumeurs convergentes circulent sur des photos de certains bulletins prises par des représentants d’Etats pour montrer à Pékin leur allégeance lors de l’élection de l’année dernière. Une situation qu’il va falloir éviter cette année, fait remarquer une source diplomatique.
La santé est également régulièrement objet de tensions entre les deux pays. Les Etats-Unis ont demandé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de prendre en compte séparément la situation du coronavirus à Taïwan par rapport à celle de la Chine continentale. Pour éviter des restrictions d’autres pays à l’égard de l’île.
Pékin ciblé directement par Washington
Plus encore, selon des sources concordantes, au début de l’épidémie, les deux côtés ont mis la pression à l’OMS, l’un pour tenter de bloquer et l’autre pour avancer sur la question de l’urgence sanitaire de portée internationale. Washington ne voulait pas que l’épidémie soit minimisée pour ne pas fâcher la Chine. Après les révélations sur le médecin chinois qui avait alerté Pékin sur le coronavirus, les Etats-Unis ciblent désormais publiquement l’attitude des autorités de ce pays.
Autre question, les internements d’Ouïghours au Xinjiang, que Pékin considère comme de la rééducation, pourraient encore être discutés au Conseil des droits de l’homme, réuni dès lundi pour un mois. Les Etats-Unis boycottent l’instance mais ont à nouveau un ambassadeur.
Il faudra voir si celui-ci souhaite réengager un peu le poids américain en marge de cette institution, selon une source diplomatique. Un format supplémentaire qui oppose à Genève les deux pays.