La banque cantonale vaudoise vient de sortir une étude très documentée sur le e-commerce en Suisse. Les achats transfrontaliers aussi, et leurs effets sur le commerce de détail. Vous avez d’ailleurs collaboré à cette recherche.
Oui, j’y ai collaboré et je dois dire que j’ai été assez surpris des écarts qu’il y a entre la réalité et l’idée que l’on s’en fait. On, c’est-à-dire le public en général. L’étude porte plus particulièrement sur le canton de Vaud, mais elle reflète assez bien ce qui se passe en Suisse.
Alors dites-nous quel est le plus gros cliché à oublier sur le e-commerce en Suisse ?
Eh bien c’est probablement l’importance quasi-exclusive des grands sites étrangers. Amazon le généraliste, et Zalando dans la mode en particulier. Ils figurent les deux dans le trio de tête. Ce sont aussi les plus médiatisés et les plus connus. On peut même ajouter le site chinois Aliexpress, du groupe Alibaba, qui vient en sixième position. Mais ils ne représentent à eux trois qu’une modeste proportion du e-commerce en Suisse.
Vous voulez dire que la plus grande partie des achats sur le web se font sur des sites basés en Suisse et livrant depuis la Suisse ?
Oui, et même d’assez loin. L’an dernier, Amazon, Zalando et Aliexpress ont réalisé ensemble environ 2 milliards de francs de ventes en Suisse. Rien que les multiples sites des groupes Migros et Coop étaient plus près des 3 milliards de francs. C’est dire aussi que Migros et Coop sont les rois du e-commerce en Suisse. Et cela, ce n’est pas forcément dans la tête des gens. Ni le fait que sur les quinze premiers sites de commerce en ligne vendant en Suisse, douze sont suisses.
Lesquels par exemple ? Donnez-nous quelques noms.
Ils ne vous parlerons pas forcément, parce qu’ils ne bénéficient pas de la même notoriété. Il y a en deuxième position Digitec, contrôlé par le groupe Migros dans l’électronique grand public. Dans ce top 15 et dans le même domaine, vous avez Microspot, Nettoshop et Exlibris.
Et les sites suisses généralistes, comme Amazon ?
Le premier, c’est brack.ch, un site alémanique indépendant qui a aussi un centre de logistique à Lausanne-Renens. Il y a aussi Galaxus et Wish.
Et dans le domaine du textile et de la mode ?
Alors là rien dans le Top 15. Il n’y a que Zalando. Comme l’a expliqué récemment la présidente de l’enseigne PKZ à Zurich, c’est impossible de rentabiliser un site de mode à l’échelle suisse. Il y a en particulier toute la problématique des retours.
C’est en revanche possible de faire de bonnes affaires dans l’alimentaire. Ça renvoie une nouvelle fois à Migros et Coop.
Oui, avec les généralistes du food LeShop et Coopathome. Mais l’alimentaire est relativement peu présent dans le e-commerce. Surtout s’il est généraliste précisément. Avec des progressions assez faibles. Le leader en Suisse est d’ailleurs clairement spécialisé : c’est Nespresso, tout simplement, avec des ventes en ligne estimées à 350 millions de francs.
Si l’actualité le permet, je vous parlerai demain de l’importance du commerce transfrontalier telle qu’elle ressort de cette étude de la BCV.
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