La douloureuse identification des plus de 80 morts dans l’incendie sur la côte à l’est d’Athènes se poursuivait jeudi. Le gouvernement suspecte « des actes criminels ».
Il existe « un élément sérieux » pouvant indiquer que « des actes criminels » sont à l’origine de l’incendie meurtrier lundi à l’est d’Athènes, a assuré le ministre-adjoint à la Protection du citoyen, Nikos Toskas.
« Pour le feu qui a commencé au mont Pendeli » et s’est propagé à Mati, la ville où se trouvaient la grande majorité des 82 victimes, « on se pose de nombreuses questions et je ne vous cache pas qu’un élément sérieux nous a conduit à ouvrir une enquête », a indiqué M. Toskas lors d’une conférence de presse avec le porte-parole du gouvernement Dimitris Tzanakopoulos et les chefs des pompiers et de la police.
Trois jours après l’incendie autour de Mati, le plus meurtrier enregistré dans le pays, le bilan officiel des victimes dans cette petite station balnéaire montait toujours : 83 personnes décédées, certains médias évoquant jusqu’à 85 morts.
Les légistes tentaient de mettre un nom sur des dizaines de corps retrouvés dans les zones ravagées par l’incendie, grâce à l’ADN de proches supposés. Ils espèrent terminer ce travail samedi.
Mur des disparus sur internet
Outre un numéro officiel ouvert aux familles, un mur des disparus informel, ouvert par des développeurs privés sur internet, et selon la presse « agréé » par la Protection civile, affichait toujours jeudi la photo de 27 personnes portées disparues, sans qu’on puisse savoir si certaines figuraient ou non parmi les corps retrouvés.
Sur des portails, des habitants ont apposé des messages signalant qu’ils « allaient bien ».
Moitié des maisons plus habitables
Sur 2489 maisons auscultées par quelque 340 agents jusqu’à mercredi soir dans la zone côtière sinistrée de Mati, près de la moitié (48,93%) ne sont plus habitables, selon le ministre des Infrastructures.
La veuve du cinéaste grec Theo Angelopoulos – palme d’Or à Cannes en 1998 – a indiqué que les « archives personnelles » de son mari étaient parties en fumée dans la destruction de la maison familiale.
Elan de solidarité
Nombre de rescapés ont été pris en charge par des associations, qui fournissent hébergement dans les villes voisines, vêtements et nourriture. La situation a créé un vaste élan de solidarité.
Alors que se terminaient les trois jours de deuil national, Kyriakos Mitsotakis, chef du parti conservateur Nouvelle-Démocratie, principale formation d’opposition, s’est rendu sur les lieux du drame pour exprimer sa solidarité aux familles des victimes.
Côté gouvernement, c’est le ministre de la Défense Panos Kammenos qui s’y est également rendu, au lendemain de l’annonce d’un vaste plan d’indemnisation par les services du Premier ministre Alexis Tsipras.
Certains habitants ont invectivé le ministre : « Vous nous avez laissé à la merci du Dieu. Il ne nous reste rien! », a lancé une femme en larmes.
Manque de prévention
Le gouvernement commence à faire face à des critiques sur le manque d’un plan de prévention ou d’évacuation solide dans cette affaire. Mais M. Kammenos a contre-attaqué, au micro de la BBC. D’un air grave, il a évoqué le problème endémique connu des constructions illégales qui sont selon lui « la majorité » sur cette côte.
« Après cette tragédie, c’est le moment que (les propriétaires) comprennent que c’est dangereux pour eux et leurs familles de ne pas suivre les règles et les lois », a-t-il dit.
Le quotidien de droite Kathimerini, qui a dénoncé jeudi l’ensemble des services publics dans cette affaire, a prédit que « ce désastre horrible serait le prétexte d’une controverse politique ».
« Le gouvernement cherche à absoudre ses péchés en annonçant un paquet préélectoral », commente froidement le journal centriste d’opposition, Ta Nea. « Une tentative du gouvernement pour gérer politiquement son inaptitude », lance Kathimerini. Ta Nea regrette qu’il n’y ait « pas encore eu de démission ».