A Genève, début du procès ce lundi, devant la Chambre pénale d’appel et de révision, de l’homme accusé d’avoir étranglé sa voisine à Onex en 2015. Avec comme mobile du crime : l’argent. Il lui a dérobé 40’000 euros. Il aurait chargé ensuite chargé le corps de la victime dans sa voiture, pour s’en débarrasser dans une forêt perdue en France voisine le lendemain. Une semaine plus tard, il serait retourné sur les lieux pour brûler le corps avec de l’essence. L’homme est accusé de meurtre avec préméditation. Mais aussi de séquestration, d’enlèvement et d’atteinte à la paix des morts. Le détail de cette première journée:
Ce matin, c’était le temps des questions préliminaires. L’avocate de l’accusé, Maître Yaël Hayat, est longuement revenue sur la manière dont la police a obtenu les aveux de son client. Elle a infiltré un policier dans la cellule de l’accusé, l’agent 55, le dénommé Paolo, qui durant 28 jours a recueilli ses confidences. Au parloir ensuite, dans les mois qui ont suivi, le policier a obtenu ses aveux.
Droit au silence
L’avocate a rappelé les grands principes du droit, notamment le droit au silence, qui aurait été non seulement malmené, mais piétiné dans ce dossier. L’agent 55 ne se serait pas contenté d’écouter l’accusé dans sa cellule. Il aurait suscité ses déclarations, selon Yaël Hayat. Le droit de se taire est au cœur du procès équitable, selon le tribunal fédéral et la cour européenne des droits de l’homme. « L’accusé considérait le policier comme un frère », affirme l’avocate. Pour elle, la durée et l’intensité du lien sont largement exceptionnels et l’affaire se situe dans la tromperie. Certaines preuves sont inexploitables dans ce procès parce que recueillies «hors cadre, hors mission». Au dernier parloir, notamment, il y aurait eu un interrogatoire en bonne et due forme du policier infiltré. Tout cela sans avocat.
« L’accusé a imaginé seul de faire croire à l’existence d’un autre suspect »
Pour le procureur au contraire, « c’est l’accusé seul qui a imaginé de faire croire à l’existence d’un autre suspect en envoyant des lettres anonymes. C’est l’accusé qui a dévoilé le lieu où il avait placé le corps au policier infiltré. Et c’est lui encore qui a inventé le scénario macabre de faire apparaître le crâne de la victime à son domicile ».
Validité des preuves
Le procès se poursuit cet après-midi avec la décision du Tribunal sur les questions préjudicielles. La Chambre pénale d’appel et de révision a rejeté la demande de la défense. Elle a estimé qu’il était trop tard pour faire valoir la tromperie ou la violation du devoir fondamental de se taire. L’accusé aurait dû faire recours dans les dix jours après qu’il en ait eu connaissance. En revanche, le dépassement des limites de l’agent de police impliqué, sera examiné lors de la fixation de la peine.
Personnalité dissociale selon les psychiatres
Le procès s’est poursuivi avec l’audition de l’accusé. Neuvième d’une fratrie de 12, il aurait été maltraité par sa mère. Elle l’aurait menacé de l’égorger comme un cochon, couteau à la main, à 9 ans. Les psychiatres ont qualifié la personnalité du prévenu de dissociale, avec une haute estime de lui-même. Selon eux, le risque de récidive est très élevé concernant la violence à l’égard d’autrui. L’avocate de la défense, Maître Yaël Hayat, a longuement interrogé les psychiatres sur les chances d’une thérapie, tentant par là de supprimer la mesure d’internement, dont son client fait l’objet. Ils ont maintenu leurs conclusions.
Maître Yaël Hayat a demandé aux psychiatres de compléter leur rapport à la lumière des discussions qui ont eu lieu dans le parloir. Si elle a gain de cause, le procès pourrait être suspendu mardi.