Le Covid-19 n’en finit pas de faire l’actualité. Il est important de rappeler les gestes simples pour se protéger: se laver soigneusement les mains, tousser et éternuer dans un mouchoir ou dans le creux du coude, garder une certaine distance. En cas de fièvre et de toux, rester à la maison et toujours téléphoner avant d’aller chez le médecin ou aux urgences. Pour toute information supplémentaire, la Ligne infos coronavirus de l’Office fédéral de la santé publique est atteignable au 058.463.00.00 et également la hotline du canton de Genève: 0800.909.400
Ecoutez l’interview dans son intégralité [zoomsounds_player source="http://vod.infomaniak.com/redirect/mediaonecontactsa_2_vod/folder-48133/mp3-476/radio-lac-faison-la-route-ensemble_20-03-05-19-21_aodradiolac.mp3" artistname="Dr Bruce Aylward" songname="Sous-Directeur général de l'OMS" config="skinwavewithcomments" playerid="" waveformbg="http://www.onefm.ch/player/wave_onefm.png" waveformprog="http://www.onefm.ch/player/wave_onefmprog.png" thumb="" autoplay="off" cue="on" enable_likes="off" enable_views="off"]
Benjamin Smadja: Le Coronavirus est évidemment sur toutes les lèvres. Certaines personnes qui dépendent de l’OMS sont allées sur place en Chine au début de l’épidémie notamment, vous, Docteur Bruce Aylward, sous-directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, épidémiologiste et médecin. Vous êtes allés en Chine au début de cette épidémie. Qu’avez-vous vu ?
Bruce Aylward: Comme vous le savez, le coronavirus est une maladie respiratoire, et en général, il est difficile de contrôler un virus de ce type avec les mesures de santé publique. Or j’ai pu constater que la Chine, grâce à la recherche des contacts ( le processus d’identification des personnes qui peuvent avoir été en contact avec une personne infectée), a pu contrôler l’épidémie. J’ai été également surpris de voir à quel point la Chine a fait preuve de discipline et de patience face à ce virus et aux mesures de contrôle.
BS: Ce sont des mesures qui sont prises un peu partout dans le monde, finalement. Selon vous, ce serait la meilleure manière de réagir aujourd’hui, sachant que ce virus est sorti de Chine?
BA: Non, et en réalité la Chine comprend 31 provinces, et peut-être un milliard de villes, de grandes cités, mais il y a seulement un, deux, voire trois, lieux où ce système de confinement a été mis en place. La plupart du temps les premières mesures mises en place étaient le lavage des mains, les masques, et ensuite, la suspension des grandes fêtes. Ce sont les mesures les plus importantes qui ont rompu, pour la plupart, l’échelle de transmission.
BS: La Suisse a annulé les rassemblements de plus de 1’000 personnes. C’est une mesure intelligente, plutôt que de fermer des frontières, par exemple?
BA: Le plus important c’est que la population suisse comprenne les symptômes, les signes de ce virus, parce qu’il ne s’agit pas d’un rhume, c’est une fièvre, une toux, il ne faut pas croire que c’est un simple rhume, c’est important. Et oui, arrêter les grands rassemblements, etc, est une mesure efficace.
Laurie Selli: Pour l’OMS, parler de pandémie est prématuré. Quel est la différence entre une épidémie et une pandémie?
BA: Normalement, c’est une fonction du virus, il peut aller partout, dans toutes les grandes communautés rapidement. Mais le coronavirus est différent. En réalité vous n’avez pas une grande flambée globale de ce virus mais, au contraire, de petites flambées. La population pense, en général, que la pandémie est le pire scénario mais, en réalité, la grippe saisonnière peut être une pandémie si elle va partout. La différence avec le coronavirus, c’est qu’il y a une possibilité de couper les chaînes de transmission et ainsi de protéger un grand nombre de personnes avec les mesures vraiment traditionnelles.
LS: L’épidémie est là maintenant, est-ce que l’on va devoir apprendre à vivre au quotidien avec le coronavirus? C’est ce que font les personnes en Chine?
BA: C’est une des grandes questions, il est encore trop tôt pour le dire. Mais une chose est intéressante et importante aussi, c’est que la Chine ne prend pas ce risque. Elle part du principe que ce virus va rester dans la population. Pour cette raison, nous devons mettre en place des mesures, les lits, l’oxygène, les “city scanners”, les capacités des laboratoires, pour vivre avec ce virus si nécessaire. J’ai été surpris, quand je suis retourné à l’Ouest après six semaines, de voir que les pays n’étaient pas prêts pour la première vague, alors que la Chine s’est déjà préparée pour une deuxième vague, si elle vient. C’est une autre mentalité.
LS: Donc, selon vous, la Suisse ne s’est pas suffisamment bien préparée pour faire face à ce coronavirus?
BA: Non je ne peux pas dire ça. En général, les Suisses sont bien préparés pour tout ça. Cette mentalité est très bonne pour un virus comme celui-là, et nous avons une société très bien organisée ici en général.
BS: Quels sont les défis à venir avec ce coronavirus? Certains, comme le président américain Donald Trump, n’arrêtent pas de répéter que, quand il fera beau et chaud, nous n’entendrons plus parler de ce coronavirus. Est-ce vrai?
BA: Il y a encore beaucoup de questions avec le coronavirus. Est-ce qu’il y a une saisonnalité? Difficile à dire. Par exemple, il y a une grande flambée maintenant à Singapour, pourtant il fait chaud, c’est humide, etc. En Chine aussi, il y a eu une grande épidémie dans tout le pays, alors que le nord et le sud de la Chine ont des climats différents, et le virus est passé partout sans saisonnalité on peut dire. Nous espérons que cela va diminuer avec l’été, mais on ne peut pas le dire avec certitude pour l’instant, et on doit se préparer face à ces questions. Il y a d’autres questions, aussi, chez les enfants, par exemple, on ne voit pas beaucoup de malades, peut-être que c’est parce qu’en Chine, les écoles étaient fermées quand la première vague est arrivée, nous ne le savons pas pour l’instant. D’autres questions se posent encore, comme pour les médicaments, les vaccins, nous sommes juste au début de cette maladie.
BS: Bruce Aylward, vous êtes sous–directeur de l’OMS, épidémiologiste et médecin.