Jamais des Syriens en guerre depuis huit ans et demi n’avaient été aussi proches dans une salle. Le Comité constitutionnel a été lancé mercredi à Genève, « moment historique » selon l’émissaire de l’ONU, mais qui laisse de nombreux acteurs prudents.
« Je sais qu’il n’est pas facile pour vous d’être ensemble dans cette salle, face à face », a affirmé le Norvégien Geir Pedersen devant les 150 membres de cette entité. Il a appelé les trois blocs de 50 délégués désignés par le gouvernement, par l’opposition et par la société civile à être « patients » et « persistants » dans leurs travaux.
Les deux coprésidents, celui nommé par le gouvernement, Ahmad al-Kuzbari, et celui choisi par l’opposition, Hadi al-Bahra, étaient distants d’un mètre mais n’ont pas échangé de poignée de main. « Vous devrez travailler ensemble » et pour le bien de tous les membres du Comité, leur a lancé l’émissaire.
Constitution « équilibrée » nécessaire
« N’attendez pas de moi, ni de mon équipe, de vous dire ce que vous devez mettre dans votre Constitution », l’une des composantes importantes de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU, a insisté M. Pedersen. Mais celle-ci devra être équilibrée, crédible et représentative de toutes les communautés, selon lui. Un « premier pas significatif » vers une résolution pacifique, selon le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
De son côté, M. al-Kuzbari, qui a remercié la Suisse, a affirmé que « tous les Syriens nous regardent ». Il n’a pas exclu une révision totale de la Constitution et a rejeté toute tentative d’interférence d’autres pays. Mais il a commencé par saluer les succès du régime contre les « terroristes » et a exclu tout cessez-le-feu national.
Large prudence
Du côté des opposants, M. al-Bahra s’est dit « résolu » dans cette nouvelle étape de l’histoire de son pays. Même si le peuple syrien subit toujours les effets du conflit.
La plupart des acteurs externes restent prudents sur le Comité qui a démarré mercredi, y compris la Russie, l’Iran et la Turquie qui avaient dès mardi mentionné un processus qui s’annonce « difficile ». Il faudra attendre le début de la semaine prochaine et la première réunion du groupe de 45 personnes chargé de préparer la Constitution amendée ou révisée avant d’en savoir davantage.
Si au bout de deux semaines de discussions, les parties « sont d’accord de revenir », la réunion sera déjà un succès, a affirmé à Keystone-ATS une source diplomatique. Le processus sera alors « sur les rails ».
Le style de M. Pedersen devrait aussi être plus discret. Son prédécesseur cherchait parfois à « provoquer du mouvement, à dramatiser », relève la source diplomatique. Le Norvégien va probablement davantage « laisser les choses se faire ».
Sur le fond en revanche, la source diplomatique fait remarquer que les trois pays d’Astana – la Turquie, la Russie et l’Iran – ont relevé l’importance de l’assistance humanitaire, de la libération des détenus et des conditions de retour des réfugiés. Mais pas d’élections libres, comme demandé par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Source ATS