Durant 30 minutes – mercredi soir sur Léman Bleu, ce «demi président» du gouvernement – le collège lui ayant retiré des prérogatives – a tenu à livrer sa version des faits, ou plutôt a tenu à expliquer comment il en était arrivé à mentir.
Mentir à plusieurs reprises, modifiant sa version en fonction des éléments dont disposaient les journalistes. Il a menti à peu près sur tout. Sur l’origine du financement de ce voyage à Abu Dhabi, sur cet e-mail envoyé à François Longchamp qu’il avait prétendument supprimé, sur le montant des billets d’avion, ou encore sur le caractère privé du voyage.
«Il a menti à peu près à tout le monde»
Il a menti d’abord à la presse. Il a menti ensuite à ses collègues de l’exécutif, il a menti aux députés, à la Commission de contrôle de gestion – l’une des plus puissantes du Grand Conseil – et surtout, il a menti aux citoyens et aux électeurs.
Retour sur l’interview «confession»
D’abord, les éléments de langage. Pas à un seul moment, Pierre Maudet n’aura prononcé le mot «mensonge»: «Je n’ai pas dit toute la vérité», préfère-t-il employer. Pire encore, il dit que cela lui coûte de faire ces déclarations. Comme si, dire la vérité lui coûtait. Au fil de ses confessions, on comprend un peu mieux la stratégie que l’homme compte prendre pour s’extirper de cette situation. Il dit avoir voulu protéger sa famille craignant qu’une polémique n’éclabousse ses enfants et sa femme. Sauf que, pas une seule fois, les médias ne se sont intéressés à sa famille. Il aurait pu partir avec des amis, la situation aurait été semblable.
Enfin, il y aussi le choix du médium: Léman Bleu, la télévision des Genevois. Il a choisi son moment – quelques heures seulement avant la tenue de l’émission Infrarouge sur la RTS avec pour sujet Pierre Maudet –, il a également choisi son journaliste, Pascal Décaillet qui a toujours soutenu que la morale n’avait rien à faire en politique. Demeure une autre question: qui l’a conseillé en terme de communication de crise? On espère que ce ne sont pas des fonctionnaires de l’Etat.
Avenir politique très incertain
L’avenir est-il sombre pour Pierre Maudet? Là encore, tout dépendra des conclusions du Ministère public sur le volet pénal: – a-t-il accepté un avantage? A-t-il octroyé des passe-droits à ce cercle d’amis qui gravitait autour de l’organisation du voyage? A-t-il influencé des attributions de marché à l’Aéroport?
Son avenir dépendra surtout de la pression que pourraient maintenir les députés et ses collègues à la Tour Baudet. Pour l’heure, et c’est assez étonnant, le Collège gouvernemental le soutient toujours en partie. La pression médiatique également pourrait influencer l’avenir de celui que l’on avait qualité de «petit génie» de la politique.
Le pardon, le salut espéré de Pierre Maudet
Pierre Maudet mise donc sur le pardon pour continuer à exercer. La rhétorique est assez bien huilée, déjà reprise par Christian Lüscher, avocat et vice-président du PLR Suisse. «Vous m’aviez considéré comme un surhomme, regardez, je suis comme vous, faillible. J’ai menti, mais c’était pour protéger la chair de ma chair: ma famille. J’ai été invité à Abu Dhabi, mais c’était pour défendre les intérêts du canton».
Chaque citoyen de ce canton doit désormais répondre à cette question: dois-je pardonner les mensonges de Pierre Maudet? Aujourd’hui, Pierre Maudet ne peut pas conserver – ad minima – la présidence du gouvernement genevois. Si les institutions fonctionnent si bien aujourd’hui, comme l’assène Pierre Maudet, alors que Pierre Maudet s’en aille.
@OlivierFrancey
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